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Site officiel de la commune de THAON

Découvrir Thaon/Histoire et Patrimoine/Eglise

Eglise

Thaon autrefois

La nouvelle église et son cimetière
 
Petit à petit, grâce aux recherches des Membres de l’AVET et aux conférences du Professeur Pierre BOUET, la vieille église dévoile ses nombreux secrets mais découvrons cette nouvelle église construite sous la Monarchie de juillet par la famille MOREL de THAN, qui a aussi son histoire. C’est un peu de celle-ci et de son cimetière que nous vous contons aujourd’hui.
 
L’histoire de la nouvelle église remonte en fait à la Révolution Française car c’est durant cette époque que la Vieille Eglise de la Vallée servit à la fabrication du salpêtre.
Lorsque celle-ci fut rendue au culte son état était tellement pitoyable que son remplacement par une nouvelle église était déjà envisagé dans tous les esprits.
 
Le second problème qui mobilisait les énergies du Conseil Municipal de l’époque concernait l’exiguïté du cimetière communal. Le terrain qui entourait l’église était en plus marécageux ce qui faisait dire aux mauvaises langues des villages alentours que les gens de Than n’enterraient pas leurs morts mais qu’ils les noyaient.
 
Le 15 floréal de l’An 12 (6 mai 1804) le Maire de Than réunissait son Conseil Municipal pour donner lecture de l’Arrêté du Préfet du Calvados, fondé sur le rapport du citoyen « Beisan » -médecin de Caen- autorisant la municipalité à acquérir un terrain propre à former l’établissement du nouveau cimetière.
 
Une proposition fut faite par le citoyen Morel de Than de céder à la commune un terrain présumé convenable à condition que ce terrain lui soit payé sur le centime additionnel de ladite commune.
 
La réponse du Conseil Municipal fut brève : « Le Conseil ne connaît aucun fonds communal qui puisse être employé au paiement du terrain et les centimes additionnels font à peine face aux dépenses nécessaires et indispensables pour la commune ».
 
Le 17 Messidor de l’An 13 (7 juillet 1805) le Conseil Municipal, assemblé en nombre suffisant pour délibérer de nouveau sur la nécessité de changer de lieu de sépulture de ses habitants, se réunissait. Le Sieur Morel de Than déclara :  « Je consens à l’aliénation totale du terrain désigné dans le procès-verbal du 6 mai 1804 » . Le Sieur Cairon de Barbières, qui s’était proposé de payer à M. Morel de Than la moitié de la valeur du terrain soit 175 livres, devant cette attitude se retira de l’assemblée et adressa une requête au Préfet sur le registre de la Mairie pour l’expédition qui lui sera faite. M. de Barbières écrit : « Les projets ultérieurs de M. de Than sont peut-être illusions, ils sont probablement la seule cause de cette distraction » .
 
En fait, la famille Morel de Than envisageait déjà la construction d’une nouvelle église et ne souhaitait pas qu’une autre famille soit associée à ce projet.
 
Le 14 septembre 1819, le Conseil Municipal -assemblé par M. de Than Maire de la Commune- était appelé à donner son avis sur une proposition concernant le nouveau cimetière. Madame de la Catherie, principale propriétaire et sœur de Monsieur de Than, offrit de faire don de 22 ares de terres représentant environ 36 perches de 24 pieds au lieu-dit « St Martin » tenant au Parc de Than. La condition expresse qu’elle attachait à ce don était que si un nouvel édifice venait à être bâti sur le terrain donné par elle, elle se réservait une place de 10 pieds de longueur dans le chœur de la nouvelle église pour être occupée par sa sépulture.
 
L’assemblée ayant examiné cette offre invitait M. le Préfet à accepter le don du terrain pour servir de nouveau lieu de sépultures aux habitants de Than.
 
La Vieille Eglise, dans sa position excentrique et marécageuse, manquait par trop de confortabilité. Elle devenait de plus en plus un lieu d’art plutôt que de prières. La famille de Morel de Than, châtelains de la Commune, devant cet état de fait, envisagèrent la construction d’une nouvelle église sur le terrain du cimetière donné par eux en 1819.
 
L’Histoire retiendra que c’est à une femme -Marie-Antoinette de Morel de Than, Comtesse de la Rivière- que nous devons la construction de la nouvelle église. Les travaux commencèrent en 1838 et durèrent environ 2 ans. Les pierres de l’édifice venaient des carrières toutes proches, et de nombreux tailleurs de pierre habitant Thaon participèrent à leur élaboration. Les deux petites chapelles placées à droite et à gauche de l’église donnèrent à celle-ci la forme de croix recherchée.
 
Le style retenu par Mme de  la Rivière était « grec ». C’est pourquoi de nombreuses colonnes figuraient dans l’édifice. Extérieurement, deux grandes colonnes soutenant un triangle de pierre rappelant le Parthénon encadraient l’entrée de l’église. Deux autres plus petites figuraient en retrait de chaque côté de la porte et soutenaient une croix de pierre. Le clocher octogonal, d’une élégance de cathédrale, était lui entouré de 8 colonnettes de pierre. Il fut malheureusement détruit par la foudre à la fin du siècle dernier et reconstruit sur un type saugrenu aux dires des puristes, ce qui donnera une mauvaise image de l’église et nuira à l’harmonie du paysage. (F. Enguerrand, les trésors d’arts religieux du Calvados).
 
Abstraction faite du clocher, la nouvelle église présentait une disposition intérieure fort acceptable et une convenable ordonnance. Le maître-autel possédait un éclairage particulier grâce à sa coupole soutenue par deux colonnes. Deux anges adorateurs de chaque côté de celui-ci semblaient garder un tabernacle coiffé de la tiare. Enfin, deux autels latéraux complétaient l’intérieur de l’église. Sur celui de droite, une statue polychrome -peut-être en pierre- de Sainte Anne avec la Vierge était copiée sur un modèle du XVIIème siècle. L’église possédait aussi un beau Christ douloureux.
 
Le 26 mai 1853, le Conseil Municipal réuni extraordinairement par le Maire, prendra communication d’un extrait du testament olographe de la Comtesse de la Rivière décédée le 13 courant . Elle léguait à la Commune de Thaon l’église qu’elle avait fait bâtir, en toute propriété, ainsi que tout ce qui s’y rattachait. La seule condition par elle requise était d’être enterrée dans le chœur comme fondatrice de l’église.
 
Le 21 mai 1854, le Conseil Municipal après avoir accepté le legs, votait une somme de 600 francs pour le paiement des droits de mutation, et l’église devint la propriété communale.
 
Malheureusement, un fléau bien plus redoutable que la foudre devait terrasser encore une fois cette nouvelle église. La seconde guerre mondiale, qui semblait avoir épargné les monuments pendant les quatre ans d’occupation, se révéla hélas destructrice pendant les opérations du débarquement des Alliés. Les clochers servant d’observatoires à l’ennemi furent systématiquement détruits et celui de Thaon n’échappa pas au désastre.
 
Si l’extérieur de l’église fut reconstruit à l’identique dans les années 50, l’intérieur -pour des raisons d’économie et de modernité- ne retrouva jamais le charme du style grec qui avait tant séduit la Comtesse de la Rivière qui repose désormais sous le mur qui sépare la sacristie du reste de l’église.
 
Richard Maury 

Intérieur de l’église avant 1944


Bibliographie
> Archives départementales
> Les Trésors d’Art Religieux
> Monographie de Thaon

Un merci tout particulier à Christiane et Jean Blin de l’AVET pour leur travail de recherches aux Archives départementales.